Pas de statue pour Hubertine : quand notre mémoire d’une pionnière du suffragisme fait des vagues
Résumé
En 1914, la disparition d’Hubertine Auclert, qui avait voué sa vie au combat féministe, provoque une grande émotion. On envisage de lui ériger une statue, mais ce projet ne se concrétisera pas. C’est autour de lieux de mémoire plus confidentiels que son souvenir est préservé. Nous avons identifié trois moments, chacun associé à des lieux différents. Jusqu’en 1930, la tombe de la suffragiste s’impose comme un lieu de pèlerinage féministe. Les années suivantes offrent l’apparence d’un creux de la vague mémoriel, mais c’est alors que la militante Marie-Louise Bouglé recueille dans sa bibliothèque les archives d’Auclert, les préservant de la destruction. Cependant, si dans le sillage de la deuxième vague du féminisme Auclert gagne une certaine reconnaissance, le Panthéon lui reste fermé. En cela, elle est emblématique des femmes, et plus encore des féministes, qui occupent une place seconde dans la mémoire nationale française.