Un air de famille : médecins prolétaires et patients ouvriers dans les centres de santé mutualistes des Bouches-du-Rhône (1950-1989)
Résumé
Des années 1950 aux années 1980 dans le sud de la France, au sein de centres mutualistes de santé des Bouches-du-Rhône, des médecins engagés sur le terrain social et proches du Parti communiste français ont noué des relations atypiques et des alliances politiques avec leurs patients à dominante ouvrière et syndicale. À partir d’un travail d’archives et d’une enquête par entretiens, le présent article étudie les trajectoires sociales et les formes d’engagement de ces médecins impliqués dans la mobilisation ouvrière et dont le projet était de tisser une solidarité concrète avec leurs patients mutualistes. Il analyse les conditions de réalisation de ce qui fit lien entre ces médecins critiques et leurs patients devenus de véritables « proches » tout en restant attentif aux tensions qui ont pu entrer en contradiction avec cet idéal de proximité. Pour illustrer l’évolution de leurs interactions, deux exemples d’intervention populaire sur la santé sont alors étudiés : le dépistage des maladies amiantales et la santé des femmes.