L'utilisation des données socio-professionnelles en histoire: le problème de la diachronie
Auteurs-es
Gérard Bouchard
Résumé
L'évaluation scientifique du contenu des professions anciennes à des fins de classement est une question cruciale. C'est à la solution de ce problème que s'attache ici l'auteur. Celui-ci démontre en effet qu'en dépit des transformations profondes survenues dans le monde du travail depuis un siècle, la Classification canadienne descriptive des professions, 1971 donne des résultats satisfaisants quand on l'applique à l'étude de la société saguenayenne pour la période 1842-1971. C'est ce qui ressort de l'analyse de 657 désignations professionnelles, classées selon le niveau de difficulté (en termes de qualification) et la nature de l'effort (sur le plan physique). Ces résultats sont même supérieurs à ceux qu'on obtient à l'aide de quatre autres codes socio-professionnels. Cette expérience permet de constater que le classement des professions repose sur des évaluations souvent arbitraires, ce qui n'est pas sans conséquence sur le plan méthodologique.
Using the Canadian Classification and Dictionary of Occupations, 1971, designed for contemporary occupations, 657 occupational titles are classified by degree of difficulty (specialized or non-specialized) and by the nature of the task (manual or non-manual). Comparison to classification of the same titles by four schemes developed specifically for nineteenth-century data reveals very little divergence. The differences, moreover, are attributable to the often arbitrary evaluations performed by historians, in contrast to the rigourous and consistent criteria of the CCDO, A second test, with reference to the Saguenay region between 1842 and 1971, confirms that the dictionary gives superior results for both traditional and modern occupations. Contrary to widespread methodological assumptions concerning the impact of technological change on the content of occupations, the danger of anachronism is negligible.