Les fidélités et les clientèles en France aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles
Auteurs-es
Roland Mousnier
Résumé
Des problèmes de sémantique et de concordance entre pratique réelle et formules en usage rendent peu facile l'étude des liens de fidélité dans la France de l'Ancien Régime. Distincte de la clientèle comme de la féodalité, la fidélité personnelle comportait des sentiments d'affection et favorisait les relations verticales entre un inférieur, faisant don de soi, et son supérieur, le couvrant de son crédit. Elle liait, entre autres, le roi et ses sujets, le chrétien et son Dieu, le gentilhomme et son protecteur à la cour de France. Les valeurs qui sous-tendaient la fidélité perdirent cependant du terrain devant la montée du jansénisme et du rationalisme au XVlIIe siècle.
The study of the bonds of loyalty in ancien régime France is hampered by semantics and the gap which possibly existed between actual practice and expressions used. As distinct from clientage or fealty, this personal loyalty involved feelings of affection and fostered the vertical relations between an inferior and his superior, with the former exchanging his devotion for the latter's protection. It bound, for instance, the king and his subjects, a Christian and his God, a gentleman and his patron at court. With the rise of Jansenism and rationalism in the eighteenth century, however, the values underlying such loyalty began to lose ground.