La circulation de la bibliothèque de l'Institut canadien de Montréal, 1865-1875
Authors
Louis-Georges Harvey
Mark Olsen
Abstract
L'Institut canadien de Montréal occupe une place importante dans l'historiographie québécoise. Cependant les historiens se sont surtout penchés sur le rôle central de cette association et de sa bibliothèque, dans la querelle qui opposa libéraux et ultramontains montréalais. La présente étude veut montrer, à partir de l'analyse des « Registres des livres empruntés » de la bibliothèque de l'Institut, que celle-ci a aussi joué un rôle culturel très différent mais non négligeable. C'est ainsi que les chiffres de circulation de livres révèlent que les lecteurs de la bibliothèque y ont d'abord puisé une littérature romanesque, largement proscrite par le clergé. Mais il y a plus : ces emprunteurs ont de loin préféré le roman aux autres genres, et ils ont fait preuve d'une indifférence marquée face aux objectifs pédagogiques des directeurs de l'Institut d'une part, et face aux condamnations de l'évêque de Montréal d'autre part. L'utilisation pratique de la bibliothèque par les emprunteurs tend donc à montrer que les historiens ont surestimé l'influence idéologique de l'Institut, tout en négligeant sa vocation culturelle.
The Institut canadien de Montréal occupies an important place in Quebec historiography. Historians, however, have been concerned mainly with this association's, and its library's, role in the conflict opposing Montreal liberals and ultramontanes. This study, based on an analysis of the library's Registre des livres empruntés, shows that the Institut's library also played a significant, if different, cultural role. Circulation figures indicated that readers drew on the library primarily as a source of a romantic literature largely proscribed by the clergy. Moreover, these borrowers far preferred the novel to all other types of literature. In doing so they demonstrated a singular indifference toward the pedagogical objectives of the Institut's directors on the one hand, as well as toward the condemnation of the bishop of Montreal on the other. This practical use of the library by the borrowers suggests that historians have perhaps overemphasized the ideological influence of the Institut while neglecting its cultural vocation.